Exploitations minières

 

Les Gîtes de fer de Dolembreux-Hayen:

Textes recueillis par le Groupement de défense du site paysager du Trixhe Nollet asbl, Hayen 7 – 4140 Dolembreux
 
Journée du Patrimoine 1994
Le patrimoine industriel antérieur à 1940
 
Hayen-Spimont, exploitation du minerai de fer
Les aspects particuliers du site Trixhe Nollet sont très nombreux du point de vue paysager et scientifique (faune, flore, etc…). Une facette l’est un peu moins : son passé industriel. Ce vallon présente des buttes caractérisitques, érodées par le temps, vestiges d’anciennes exploitations de minerais de fer. Ces travaux miniers ont laissé des dolines et entonnoirs des bures (puits vertical reliant deux ou plusieurs galeries). Avec les ans, ces traces du passé s’effacent progressivement.
 
 
A. Monographie du coteau de Bois-le-Comte à Dolembreux
«Un aspect local du Condroz»
Géologie – Chantoirs – Préhistoire – Mines par Monsieur GEVERS-ORBAN, Ingénieur (éditions DESOER à Liège, années 1950)
 
 
 
1. Définition
 
L’auteur précise tout d’abord que le lieu-dit Bois-le-Comte est une région boisée, à l’altitude moyenne de 250 mètres qui s’allonge d’est en ouest, suivant quatre kilomètres et demi, sur les (anciennes) communes de Gomzé et de Dolembreux (son faubourg Hayen).
On y distingue :
-         Bois-le-Comte oriental, 140 hectares, avec le château du Cochetay ;
-         Le Haut Bois-le-Comte, 130 hectares occupés par le parc clôturé Henry Laloux, aujourd’hui propriété de la famille Snoeck ;
-         Bois-le-Comte occidental, 80 hectares de bois avec quelques villas.
(De nos jours, la notion géographique de Bois-le-Comte est plus restrictive). Parmi les nombreux sujets traités, un chapitre est consacré au minerai de fer.
 
 
2. Historique
 
Cet endroit fut, pendant deux longs siècles, un des pourvoyeurs des maîtres de forge liégeois. Un chapelet d’anciennes mines de fer s’étend sur toute la longueur de Bois-le-Comte. Elles sont signalées, dès 1639, dans les annales des comtes d’Esneux.
Ceux-ci, jusque vers 1800, touchaient des «droits de terrage ou de dérentage» en espèces et en nature, payés par les exploitants. D’après «Les Annales des Mines de Belgique – 1913», c’est un gîte filonien de contact de limonite à la base, ou parfois au sommet du calcaire givetien (devonien). Cette limonite est un hydroxyde de fer à formule 2 Fe2 O3nH20. À Gomzé, à deux kilomètres, le même filon avait une bonne teneur de 43% de fer.
 
Les minerais de Bois-le-Comte étaient estimés et recherchés, notamment vers 1774, par Dom Nicolas SPIRLET, abbé-prieur des Bénédictins de Saint-Hubert et maître de forge au Fourneau Saint-Michel. Cet abbé coulait là les canons pour les américains pour leur guerre de l’indépendance. Dans cette fabrication, il ne se contentait pas des riches minerais de la région de Saint-Hubert, mais y mélangeait ceux de Bois-le-Comte, grevés de 80 kilomètres de transport. Il écrivait que «Tous le monde lui assure que sinon son fer n’aura jamais la perfection requise».
Quant à l’âge des premières exploitations, les références dans les anciens registres sont, parait-il, nombreuses.
En 1580, un registre de la cour de Sprimont citait la «Mène d’or», à l’extrémité occidentale de la «Hé», croupe entre Dolembreux et Hayen. À cette époque, le travail des minières était fort dangereux, car on rencontre fréquemment, dans les livres de paroisse, la mention : «Suffocatus in fossa minerali(ibid)».
 
 
3. Technique
 
Le 15 octobre 1638, Jean de Playe obtînt de Jean d’Argenteau, seigneur d’Esneux, l’autorisation d’utiliser (pour fondre ses minerais de Bois-le-Comte) un coup d’eau sur le Gobry à Méry (chute qui a actionné dans la suite une scierie à bois aujourd’hui disparue). Au Moyen-âge, les «forge volantes» étaient des bas-foyers desservis à la main. On les logeait donc dans les forêts, à la source des minerais et du charbon de bois. Mais bientôt, ces forges évoluèrent. Au cours des XVIIème et XVIIIème siècles, elles étaient devenues la «méthode wallonne» de fabrication du fer en deux temps :
1)      L’antique bas-foyer avait grandi insensiblement en un haut-fourneau ou four de fusion, produisant des gueuses de fonte.
2)      D’autre part, le même bas-foyer s’était mué progressivement en un four d’affinage qui, sous le nom pittoresque de «Renardière», digérait les gueuses de fonte pour en faire des loupes de fer à marteler.
 
Mais ces fours exigeaient, pour soufflage et martelage, de la force motrice hydraulique, la seule qui existât ; ils durent donc s’éloigner des mines sylvestres. On vit ainsi au cours des siècles, les minerais de Bois-le-Comte alimenter successivement des forges volantes en forêt, puis une forge sur le Gobry à Méry, des forges sur l’Ourthe, et enfin en 1836, les usines de Grivegnée.
 
 
4. Les dernières exploitations
 
Le gîte rouge de Bois-le-Comte a été exploité en dernier lieu de 1836 à 1875. En 1847, les archives administratives y attribuaient aux quatre Bures des profondeurs de 25 à 15 toises (1 toise = près de 2 mètres). En 1875, ils atteignaient 85 mètres, mais les 15 derniers mètres étaient noyés. C’est à cette date que les rapports officiels attribuent l’arrêt définitif de ces mines, non pas à cause de l’excès d’eau, mais à l’épuisement du gîte.
 
Madame Stienen, née DEPRESSEUX, habitante de Hayen, décédée en 1948 à l’âge de 91 ans, a raconté qu’elle avait travaillé au bourriquet des mines de Bois-le-Comte, vers 1870-1875, sur les puits dont les reliefs annulaires sont restés marqués le long de la route Trixhe Nollet (certains dans des propriétés privées).
 
 
5. Terminologie
 
Les registres administratifs renseignent qu’il ne s’agissait pas de véritables «concessions» de minerais de fer. Suivant la terminologie de la loi minière de 1837, les exploitations souterraines s’appelaient des «Mînes», tandis que les exploitations à ciel ouvert s’appelaient des «Minières» (substantif). L’ennui est que cette loi suspendait la «concessibilité» des Mines de fer et créait des problèmes d’ordre économique. Pour voiler ou contourner cette difficulté, les exploitants et l’administration usèrent et abusèrent du terme «Minières» (donc concessibles) pour désigner presque toutes les mines de fer, même celles qui sont souterraines, comme à Bois-le-Comte.
Les derniers travaux qui y furent effectués étaient donc, en 1836-1875, des «exploitations libres» dont les exploitants débattaient des droits d’occupation et autres avec le propriétaire de surface.
 
 
6. Figures célèbres
 
Deux personnalités principales de cette activité ont laissé une vive empreinte dans la région.
 
Le Chevalier Armand de SPIRLET (1818-1895)
Seigneur de Gomzé et propriétaire des minerais, le chevalier possédait 1100 hectares de bois et de minerais allant depuis Les Forges jusqu’à Esneux. Il était le petit-neveu de Dom Nicolas Spirlet, du XVIIIème siècle, la maître de forge déjà cité. La petite-fille du chevalier, Sidonie de Spirlet, châtelaine du Cochetay a épousé Charles de Coune, bourgmestre de Gomzé dans les années 1950.
 
Henri Joseph ORBAN (1779-1858)
Exploitant des minerais de Bois-le-Comte, il fondait ceux-ci dans ses «Hauts-Fourneaux de Grivegnée», devenus dans la suite «Division Grivegnée» de la Société John Cockerill. Un arrière petit-fils d’Henry Joseph Orban a présidé dans les années 50 aux destinées de la Société Cockerill.
 
Il s’agit de Monsieur Albert NEEF de SAINVAL, qui comptait parmi ses collaborateurs d’autres descendants du même maître de forges. Trois membres de la descendance directe de Henri Joseph ORBAN se sont fixés sur le gîte minier et ont habité route du Trixhe Nollet à Hayen.
 
 
7. Les transports par l’Ourthe
 
Pour arriver à l’Ourthe, les minerais étaient acheminés par chars depuis le Trixhe Nollet, à travers bois, par le Trou du Renard et puis la vallée sèche du Rothys (ou Rothy), jusqu’au Laveu. On suivait alors le ruisseau du Gobry (route n°14 de l’Atlas des Chemins Vicinaux de 1841). La navigation sur l’Ourthe a évolué au cours de la période d’activité minière 1836-1875. C’est en effet vers 1850 qu’elle a été grandement facilitée par la mise en service du canal Liège-Comblain, commencé sous le régime Hollandais et en fonction jusqu’aux inondations destructrices de 1925. Avant ce canal, les barques, dites « Betchettes », étaient longues et étroites, à proue fort relevée, chargeant de cinq à sept tonnes et pilotées par un seul « Naivieu » avec sa gaffe dite « Ferré ». Les barrages déjà bien établis, avaient à la rive un étroit chenal pourvu de vannes ou « Vennes » amovibles pour le passage de chaque « Betchette ». La descente de celle-ci était un peu brutale et sa remontée exigeait un solide cheval et un jeu de poulies. Le rivage d’embarquement des minerais de Bois-le-Comte semble avoir varié. Primitivement, il était au « Pisou de Crèvecœur » à Méry, mais au cours du siècle dernier, la tradition verbale le situe devant la grotte de Tilff et le rocher Sainte Anne. Vers 1850, des « Hernas » de 50 tonnes vinrent, sur le canal, supplanter les « Betchettes » de cinq tonnes. Mais ces dernières, qui avaient la vie dure, conservèrent la clientèle des minerais jusque vers 1875.
 
 
8. De l’eau ferrugineuse
 
Le site du Trixhe Nollet possède plusieurs sources et résurgences dont certaines s’écoulent dans les terrains avoisinants (d’où la Petite Fagne). L’une d’elles ne tarit jamais (source Lava). En bordure du plateau occupé par des roches, ce précieux magasin d’eau laisse supposer l’existence de limons et peut-être de sables. La source Lava débite une eau de composition assez variable. Une analyse de 1953 renseigne notamment une quantité de fer oscillant de 0,17 à 4,8 milligrammes au litre. Après précipitation des sels ferreux solubles en sels ferriques et oxydation-filtrage, le fer tombe à 0,05 milligramme. C’est alors une eau parfaite. Les mines doivent contenir un important magasin d’eau dont il serait intéressant de connaître la qualité et la quantité.
 
 
 
B. «Les minerais d’antan» par Georges THIRIART, ancien Président du Syndicat d’Initiative de Tilff – Juin 1983.
 
 
 
1. Le traitement des minerais
 
Une des plus anciennes mentions retrouvées ayant trait aux minerais serait contenue dans un acte de 1192.
 
Très tôt, ces gîtes intéressèrent prospecteurs et exploitants. En conséquence, de nombreuses demandes d’octroi de concessions pour la recherche et l’extraction du minerai furent sollicitées.
 
L’autorisation donnée par le seigneur concédant, était précise et accordée pour une période de temps déterminée. Elle contenait les conditions générales d’exploitation, limitant notamment la surface à prospecter.
 
À citer, pour exemple, celle résultant, en 1572, d’une lettre du Chapitre Cathédral de Liège, portant que les concessionnaires pouvaient «œuvrer, faire œuvrer et besoigner, enfonses fosses, une ou plusieures pour quérir et trouver les voennes et treschaults de mines, de fer et aultres métaulx dans vingt bonniers de bois situées en froiture a passiau de Hayen».
 
L’extraction du minerai s’accomplissait péniblement, les gîtes étant difficilement acessibles. Après le travail de «l’avaleû», le minerai était amené à la surface dans des «banses» remontées au moyen d’un treuil. Avec deux «banses» on remplissait un panier dénommé «bodet».
 
Deux manœuvres le transportaient jusqu’au chemin principal et le déversaient dans un tombereau. Amené et déchargé dans le bas de Méry, au lieu qui prendra le nom de «Laveû», le minerai subissait concassage et lavage. Après ces opérations, le minerai destiné aux fourneaux de Colonster, de Campana et de Sauheid était embarqué sur des «pontons». Ces derniers abordaient entre Crèvecœur et Méry au lieu appelé « Pisou Tchèrdjeû » ou « Place aux minnes ».
 
À noter que ce minerai riche en fer sulfuré et dépourvu de soufre, était apprécié des maîtres de forges. Selon le procédé de l’époque, il était mélangé à d’autres minerais composés différemment, ce pour obtenir une fonte de qualité que l’on affinait en un fer qualifié de « fort ».
 
L’exploitation des minières et les activités annexes assurèrent la prospérité économique régionale. Il est rapporté par la tradition que le minerai lavé à Méry était, au point de vue propreté, supérieur à ce qui se faisait ailleurs.
 
Les Mérisiens, après un concassage préalable et précis, utilisaient une méthode spéciale de lavage, réussissant non seulement à éliminer la gangue, mais encore, fait rare, à enlever certaines impuretés. La qualité du lavage provenait, disait-on, d’une part des eaux de Gobry et, d’autre part, de l’addition à l’eau de rinçage d’un produit dissolvant dont la composition n’était connue que de quelques laveurs locaux.
 
Le lavage, la première activité de Méry, atteindra son apogée au début du XVIIème siècle et commencera à décliner vers 1650 suite à la construction, près de Crèvecœur, d’un fourneau avec laverie adjacente.
 
Cette nouvelle laverie, mieux équipée, permettait une production plus rapide et nécessitant moins de manutention, ce qui abaissait le prix de revient.
 
Dès lors, malgré la qualité du produit des laveurs locaux, ceux-ci perdirent une partie importante de leur clientèle et la fermeture de la laverie artisanale devint inévitable. À signaler, qu’au moment de la fermeture, les « maîtres-laveurs » encore au travail refusèrent de se mettre au service du fourneau considéré comme usurpateur.
Ils disparurent les uns après les autres, sans accepter de révéler le secret de leur lavage.
 
 
2. La légende du « Vî Laveû »
 
En l’an 1699, un dernier maître-laveur, Jean Denys, âgé de 95 ans, était encore en vie et présent à Méry. On ignorait son nom et on l’appelait communément « Li vî laveû ». À chaque occasion, Jean Denys aimait évoquer l’époque héroïque de « sa laverie », faisant allusion à mots couverts au procédé spécial qu’il utilisait mais sans préciser… Il contait également un fait qui était jusqu’alors un secret de famille transmis de père en fils. Un jour, un de ses ancêtres, occupé à l’extraction, avait trouvé une pépite d’or. Il l’avait cachée dans un bure abandonné, comptant bien l’emporter dès que possible sans attirer l’attention. Mais, comme frappé par un mauvais sort, il mourut quelques jours plus tard, sans avoir indiqué le lieu d’enfouissement. Lî vî Laveû précisait qu’au moment de sa mort, comme il était célibataire et dernier descendant mâle de la famille Denys, il aurait la révélation de l’endroit de la cachette et le ferait connaître par un signe extérieur.
 
Malgré son âge, Jean Denys accomplissait journellement une promenade passant par les anciens lieux d’extraction du minerai et se terminant à la laverie abandonnée. Un soir, il ne revint pas. Son corps fut retrouvé le lendemain près d’un ancien bure. Les villageois y virent un signe du défunt et fouillèrent le bure de fond en comble. Ce fut sans résultat. La pépite d’or n’avait probablement existé que dans l’imagination du Vî Laveû.
 
Notons cependant qu’un lieu-dit « al minîre d’or » existe encore à Hayen mais il apparaît que le gîte ne contenait pas d’or. C’était certainement le bure, qui parmi d’autres, était le plus riche en minerai.
 
 
 
C. Les gîtes de fer de Dolembreux-Hayen
Revue historique par G. VANDENVEN, Ingénieur, Service Géologique de Belgique.
 
 
1. Introduction
 
Les anciens mineurs connaissaient parfaitement les caractères du minerai de fer en Basse-Ourthe ; ils savaient orienter leurs prospections dans l’étroite bande de terrain courant entre la masse des calcaires dévoniens et le niveau des grès blancs et conglomérats que nous localisons actuellement à la base du Givetien. L’extraction du minerai de fer nous est connue depuis au moins 1192 (à Bois-le-Comte).
Est-il interdit de croire que des tributs guidées par les « connaisseurs du feu et du métal » se soient installés en cet endroit des plus favorables qu’était la confluence des trois axes que sont la Meuse, l’Ourthe et la Vesdre ? Là se trouvaient réunies toutes les qualités pour garantir la vie et la prospérité d’une tribu : plaine alluviale (élevage, cultures) ; massif boisé (feu) et minerai de fer (dont le chapeau de fer du gîte d’Angleur et les Mines Tilffoises furent probablement les premières connus).
 
Le domaine minier de Bois-le-Comte – Hayen – Gobry fut probablemet l’un des plus importants parmi les gisements de fer limonitique de la Basse-Ourthe. Hormis le gîte de Bonsgnée (Plainevaux) ; le domaine de Dolembreux fut aussi l’un des tardivement exploité.
 
De nos jours, les traces des dernières prospections et exploitations se retrouvent encore aisément dans le paysage: déblais, cols de bures marécageux et alignements de tranchées de prospection sont abondants entre Dolembreux, Hayen et Méry. Ces témoins méritent d’être protégés.
 
Hayen – Etymologie
-         Dérivé probable de Trayen, terme utilisé par les mineurs liégeois pour désigner des amas en série.
-         Déformation possible de Hayemint, terme transposé de la mine de charbon à l’exploitation de fer (espèce d’étreinte).
-         Comme souvent en cette matière, d’autres origines pourraient toutefois exister (Hayl, etc…)
 
 
2. Sites d’extraction ou de prospection (voir annexes)
 
Hayen constituait le centre d’une région où de nombreux travaux d’extraction ou de prospection eurent lieu. Parmi les principaux autres sites on pouvait relever:
Baibati : partie du gisement de Dolembreux (XIXème) située sur le versant sur du vallon aboutissant au chantoir de Hayen.
Bois-le-Comte: (Dolembreux)
Bois Nollet: (Dolembreux)
El Falaye: partie du gisement de Dolembreux (XIXème) située entre le Lâveu et le Bois Nollet.
Fâvrouli: partie du gisement de Dolembreux (XIXème) située aux abords du vallon menant au chantoir de Hautgné.
Froiture: (Hayen – 1572) synonyme: Pazé d’Hayin
Galerie de Méry: galerie citée par Franquoy (1869) pour une analyse de minerai datée de 1864. On peut encore observer rue du Laveu, une entrée de galerie maçonnée où la pierre de clé de voûte porte la date: 1862.
Gobry: Gisement exploité en aval de Hayen.
Gomzé: Gisement cité par Franquoy (1869) – Bois de Gomzé.
Hama: Partie du gisement de Dolembreux (XIXème).
Heid de Méry: ce chemin longe la route locale menant au Boubou. Il est situé face à l’ancienne scierie Gérard.
Hez des Fosses: inclus dans le gîte de Dolembreux.
Pazé d’Hayin: (Hayen) syn. Froiture: sentier longeant le Gobry au-dessus du lâveu.
 
 
3. Description du gisement de Bois-le-Comte / Hayen
(Réf. Franquoy 1869)
 
Les deux étages quartz-schisteux cifelien et condruzien sont réunis à la surface. Le calcaire existe en profondeur et est accompagné d’un filet de minerai plus ou moins puissant. Un puits a été foncé à une petite distance à l’Ouest de la route de Beaufays à Sprimont. Le contact a été exploité jusqu’au nord de Hayen ; un peu au-delà il se met en étreinte. L’amas est particulièrement bien développé dans le bas du Bois-le-Comte, près de la banche sud du ruisseau du Gobry où il forme un dressant que l’on a exploité jusqu’à 10 mètres ; à cette profondeur il présente encore 5 ) 6 mètres de puissance.
 
Analyse du minerai (Bonne foute truitée grise)
 
Matières volatiles      12,40
Fer                             37,00
Manganèse                03,80
Oxygène                    17,22
Silice                          19,29
Alumine                      09,53
Chaux                         traces
Phosphore                  00,25
 
TOTAL                         99,49
 
 
Production (Réf. Firket 1882)
 
En 1847, 700 chars de 1900kgs ont été rendus à Ougrée à 15 frs la tonne. En 1878, les mines de Dolembreux ont produit 5300 tonneaux de limonite (on ne sait pas la valeur pondérée ou volumétrique de ce tonneau). Avant 1851, cette limonite était la principale alimentation des hauts-fourneaux.
 
 
Exploitation
 
Un rapport de l’administration des Mines de Liège (1847) décrit la géologie, les mines, les méthodes d’exploitation et les aspects économiques du gisement de Dolembreux. Ce rapport accompagne un plan tracé en 1846 présentant le gîte de Fâvrouli (abandonné) ; celui de Hama ; le gisement de Bois Nollet et celui d’El Faleye.
 
« L’extraction du minerai de fer pendant l’année 1846 a pris un développement considérable et cette industrie a atteint un point de prospérité qui dépasse de beaucoup celui auquel elle est parvenue pendant aucune des années antérieures. Un grand nombre d’anciens gisements on été ouvert et des exploitations nouvelles ont été établies sur ceux qui étaient déjà l’objet de travaux. »
 
Le rapport de 1847 décrit ensuite la méthode d’exploitation. « … généralement exploités en descendant un puits jusqu’à l’argile sur laquelle le minerai repose. Du pied de ce puits on conduit une galerie perpendiculaire à la direction générale du gîte et on enlève le minerai par galeries successives et superposées partant de la première et qu’on remblaye au fur et à mesure qu’on les abandonne. Quand on a vidé une poche on cherche à atteindre une autre par un nouveau puits. Dans le système actuel les puits sont ronds et boisés en « aires ». Or il en résulte de ce boisage qu’on ne peut employer que de très petits paniers d’extraction…
 
… Le transport du minerai dans la mine est « extrêmement vicieux ». Quand les galeries sont horizontales, les hiercheurs le portent ou traînent sur le sol jusqu’au puits dans de petits paniers d’osier.
Si le gîte est incliné assez fortement, la galerie principale étant dirigée suivant une inclinaison, on descend au moyen d’un rouleau de renvoi, la corde d’extraction jusqu’au fond de cette galerie et on y attache le panier qui est traîné sur le sol jusqu’au puits.
 
Les frais de transport et d’extraction étant considérables à cause de la perte des paniers et de la petitesse des puits, il en résulte que le remblayage est toujours mal exécuté. »
 
Dans son traité de fabrication du fer et de l’acier, écrit en 1875, B. VALERIUS mentionne que :
« L’exploitation du minerai à Dolembreux, ne peut se faire qu’à l’aide de trois bures qu’on ouvre simultanément. La première doit servir à l’extraction, la seconde à l’aérage et la troisième à l’épuisement des eaux. Les frais de la mise en exploitation sont supportés par la société seule, et se payent à raison de la toise d’enfoncement du puits et de percement de galerie.
 
Et comme, dans l’origine, les travaux produisent peu, les ouvriers sont payés au mètre cube d’extraction, mais sans déduction du tiers qu’on retranche plus tard pour représenter la perte au lavage. Immédiatement après que les travaux préparatoires sont terminés, les ouvriers ne sont plus payés qu’en raison de la production. On leur fait des avances et leur compte est réglé après le lavage de la mine et la réception à l’usine.
 
Chaque puits est desservi par 4 ouvriers, dont 2 à la surface pour la conduite des treuils d’exploitation et d’épuisement, et 2 à l’intérieur pour l’extraction et le transport de la mine au pied de la bure. La société doit fournir les bois, treuils, etc… Les ouvriers payent la lumière et fournissent leurs outils.
 
Le lavage de la mine s’opère sur place. A cet effet on a creusé dans une partie de terrain assez levée, un réservoir qui est alimenté par un petit ruisseau. On a disposé sur une partie basse du sol un lavoir rectangulaire légèrement incliné, dans lequel on jette le minerai et qui est traversé par un filet d’eau. Les ouvriers laveus, à l’aide d’un râble, remuent la mine de manière à en présenter toutes les parties à l’action de l’eau, qui entraîne les parties étrangères. On calcule la perte au lavage à 30 – 35%. »
 
 
4. Extraits de publications
 
Acte de 1192 : Lothaire, évêque de Liège déclare que Gilles, comte de Duras et de Clermont, fait don aux religieuses de Ligny des territoires de Plainevaux, de Strivay et de Rosière ainsi que des mines de fer situées à Bois-le-Comte (ref. Archives Abb. Val Benoît in Tahon, V.1910).
 
Cartulaire de St Lambert – 1470
 
Plusieurs références aux mines de Gomzé, de Tilff et de Méry.
« Record daté du 5 avril 1470, donné par « delle chambre en la vanarable église de Liège » : le chapitre de St Lambert donne accèse aux mines de fer et de plomb qui se trouvent « en fons des héritages en la hauteur de Tilvez et de Méry… ».
Le 30 avril de la même année, la même cour, à la suite d’un différent, ordonnait l’arrêt de certaines de ces exploitations. »
 
Acte (origine ?) de … (réf Yernaux J. 1939)
 
« Un certain Jean BASTIN de Ninane était accusé d’avoir commis un meurtre en 1716 au hameau de la Haye des Pauvres… Neuf ans plus tard, le 27 avril 1725, le bailli Lonhienne était occupé à surveiller l’extraction des minerais à Bois-le-Comte (ce minerai était livré – semble-t-il – au furneau de Jean de Playe à Méry).
 
Acte de la Cour et Régence du ban de Sprimont – 13 janvier 1752 (Ref. Dalem, 1954)
 
« … déclarons en outre qu’il se trouve dans cette juridiction aussi bien que dans celle d’Esneux plusieurs veines des dits minéraux et notamment celles de Halma, Saralgombe et  Bois-le-Comte lesquels ont été travaillées et extraites au lieu di Rotji, Fontaij, Terre du Dragon, sur le dit Hama… (signé G. Focroule – greffier).
 
Durieux (géomètre Administration des Mines ; Liège 1830)
 
Une carte présente les gîtes jadis exploités et les bures ouverts dans le domaine de Dolembreux-Tilff.
 
Dumont A. (1832)
 
Cite les gîtes de fer hydraté et cloisonné à Bois Nollet, Bois-le-Comte, Hayen.
1836 : Autorisation d’exploitation délivrée à la Société d’Ougrée pour l’exploitation de 4 bures à Bois-le-Comte (entre 1836 et 1875).
1847 :  Une lettre non signée (dossier Adm. des Mines, Liège) cite les gîtes de Hez de Méry ; Bois de l’Abbaye (Beaufays) ; Bois de Gomzé ; Bois-le-Comte ; Bois de la Cathédrale (Tilff) ; Bois de Nomont ; Plainevaux et Bonsgnée. Un rapport (22 juillet) de la même administration signale que le gîte d’El Faleye est propriété de la Société d’Ougrée et de Mr Warzée. Hama est abandonné. De même que Hez de Méry et Aux Oies (Beaufays), Laveu, Sous Cortil et même El Faleye (30 décembre).
1848 : Rapport Adm. des Mines, Liège (26 juin) signale l’arrêt de travaux miniers en divers lieux dont les gîtes de Dolembreux et conclut : « … nous pouvons attribuer cet état de chose aux travaux de l’agriculture auquels les mineurs s’adonnent pendant l’été… ».
1848-1854 : (notes de levé de A. Dumont – Arch. Serv. Géol. Point 7252) les travaux miniers sont abandonnés à l’Est de Hayen.
 
Le texte a été recopié tel quel, laissant volontairement les diverses fautes.

Annexes: